mercredi 1 août 2012

Epilogue


Bien qu’à la même latitude que Bergen, Lerwick et environs semblent un tout autre monde : maisons en pierre, jardins plus que proprets, landes, kilomètres de mur en pierre, jeunes filles aux tenues invraisemblables (je n’ai pas osé les photos), etc, etc



bref c’en est définitivement fini de la Norvège. Qu’en aurais-je vu en 5 mois d’immersion, si l’on peut dire ? Les photos du blog l’ont montré, je pense.

Que n’aurais-je pas vu ? Les grands fjords du sud, quelques villes emblématiques (Bergen, Alesund) et bien d'autres choses dont j'ignore tout. Finalement je n’aurais pas été témoin des cuites du vendredi et samedi soir.

Mais très probablement le but de ce voyage n’était pas seulement de voir, mais aussi de faire. Faire quoi (à part le ski), pour prouver quoi ? Difficile de mettre des mots. La seule certitude est que si je ne l’avais pas fait, j’en aurais traîné le regret comme un boulet. Une amie m’a dit que cette "aventure" allait m’avoir changé ?? Pour l’instant cela ne parait pas évident, mais il y a peut être une période d’incubation.

Ce périple incitera-t-il à d’autres ? Trop tôt pour le dire. Je ne suis pas dégoûté de passer plusieurs mois dans un bateau. Mais être seul n’est pas propice à bien profiter des escales. A voir donc…

La boucle n’est pas tout à fait bouclée. Il reste environ 850 milles à faire (3800 ont été parcourus depuis le départ), très probablement par l’ouest de l’Angleterre, voire de l’Irlande selon la météo, le but étant de rentrer le plus vite possible. J’abandonne le mode tourisme pour passer en mode convoyage.

Au revoir


lundi 30 juillet 2012

de la Norvège à l'Ecosse


La fenêtre météo s’est avérée être la bonne, et la traversée s’est faite à 90% à la voile, en ligne quasi directe, soit 280 milles en 50 heures ! difficile d’espérer mieux.


 
Les ultimes images de la Norvège, vue de près, auront été, paradoxalement, celle d’un plat pays, dont les maisons peuvent s’inquiéter d’une montée des eaux !



Passant à une bonne dizaine de milles, j’ai pu voir à quoi ressemblait le fameux Stadt qui fait tant causer. Sur la seconde photo il est censé y avoir un arc en ciel



Je ne me suis pas beaucoup intéressé aux légendes sur les trolls. Je crois savoir qu’ils peuvent apparaître un peu partout sous des formes diverses. Je me suis demandé si ces nuages…



Une barge de « farm fish » derrière un remorqueur.



Je ne pensais pas qu’on baladait ce genre d’embarcation en eaux non protégées. Peut être l’opportunité d’une mer belle.

J’avais dit "pas de photos de plateformes". Mais j’ai traversé un tel champ que cela a été plus fort que moi ! Le champ, dit de Statfjord, s’étend de part et d’autre de la limite des eaux norvégiennes et écossaises.



C'est quand même plus spectaculaire qu'en maquette! La plateforme est à 30 mètres au dessus de l’eau. Au moins les appartements ont vue sur mer ! On peut voir une belle brochette de radeaux d d’évacuation. Joli saut ! Même les manèges de fêtes foraines ne vont pas jusque là ! Dire que ce truc là a été construit dans un fjord norvégien ou écossais et amené jusque là !

Mais dans le champ, il n’y a pas que des plateformes, mais aussi des ‘supplies’ (autant que de plateformes) qui font des ronds dans l’eau et des navires qui posent des tubes sur le fond



Le champ s’étend sur plus de 50 milles. Je n’en suis sorti qu’à la nuit (la deuxième) tombante.



Une plateforme, deux supplies et un pêcheur



Embrasement d’une plateforme ou ‘soleil de minuit’ écossais ?


Retour dans les longitudes ouest : le méridien de Greenwich a été franchi à 5h33. Je dormais sur mes deux oreilles ! Merci le pilote !

Les Shetland présentent un paysage …. écossais, en moins élevé, avec même les ruines d’un vieux château. En tout cas radicalement différent du paysage norvégien.



Les bateaux de pêche norvégiens ont belle allure avec leur coque en bois jaune, mais celui-ci n’est pas mal non plus



mais l’Ecosse est aussi le coin des chalutiers monstrueux.




Je ne sais pas ce que rejettent, même au port, ces engins, mais cela attire non seulement les oiseaux, mais aussi les phoques

Demain visite de Lerwick et étude approfondie de la suite des opérations

vendredi 27 juillet 2012

dernière station avant l'autoroute





Comme me l’a fait remarquer une âme bien intentionnée et néanmoins érudite en histoire de France, la "der des der" (la guerre de 14-18, pour les ignares de mon espèce) ne le fut précisément pas. Donc, et d’ailleurs cela avait été envisagé dans le message précédent, Kristiansund n’aura pas été la dernière escale norvégienne. En effet, en plein sur la ligne droite joignant Kristiansund à Lerwick (Shetland), un archipel de toutes petites îles (dont øna, célèbre car la plus pittoresque), basses sur l’eau et pratiquement toutes habitées, l’activité étant apparemment toujours liée à la pêche avec usines de traitement du poisson et chantiers navals, et aussi un tourisme naissant, mais qui ne peut suffire vu la durée de la saison



øna, prise d'un peu loin donc floue


Tant d'entreprises dispersées en des lieux nécessitant un accès par ferry interroge quand on est plus habitué à la concentration des sites d'activités pour une productivité maximale (du moins c'est ce dont on nous bassine). Peut être la configuration montagneuse de la Norvège, peu habitable à l'intérieur justifie l'implantation sur toutes les terres basses disponibles. Toujours est-il qu'un ferry dessert les îles de cet archipel manifestement à longueur de journée avec son lot de camions.

Parmi ces îles, Finnoya (avec une assez grosse entreprise de métallurgie) offre la possibilité d’une escale bienvenue après 8 heures de route au moteur quelque peu abrutissantes, avec un hôtel et donc un accès internet garanti.

L’obsession de l’accès internet est justifié ce jour par le besoin de mettre à jour le plus souvent possible les fichiers météo. La situation n’est pas simple avec une petite dépression musardant dans le coin et toute variation de son déplacement peut transformer l’étape en bonne affaire ou en plan foireux par manque de vent pendant toute la traversée, d’autant que je n’ai pas l’autonomie pour tout faire au moteur



Une dernière photo de la côte norvégienne, aux formes parfois étranges



Une dernière image d’une ville colorée (Kristiansund)


Un dernier clin d’œil à ces magasins qui ont balisé le périple et bien des fois imposé des étapes !


 Ne pas se tromper, le vinmonopolet n'occupe que le rez de chaussé!

Et maintenant départ pour une traversée pouvant durer au minimum 2 jours, et j’espère pas plus de quatre.

jeudi 26 juillet 2012

le grand saut


J’allais mettre comme titre de ce message "la der des der", mais chacun aurait pu croire que je faisais ENCORE le coup du dernier message sur le blog. En fait cela signifiait "la dernière nav en Norvège" puisque j’envisage de profiter d'une "fenêtre météo" pour un saut direct sur les Shetlands à partir de Kristiansund,  Cela fait grosso modo la même distance que la traversée aller de Hartlepool à Tananger et cela m’évite de contourner le Stadt longuement évoqué lors de la route nord. Et cela m'évite surtout de tirer des bords pour faire route plein sud, c'est à dire vent à 100% dans le nez. Rien n’est tout à fait joué puisque de toute façon au départ je longe la côte et qu'une étape à Alesund est toujours possible. Et en espérant que la prévision à 4 ou 5 jours en mers du Nord et de Norvège est raisonnablement fiable : ni trop de calmes, ni de coup de vent.

De toute façon j’ai donc très probablement fais mes dernières folies dans un vinmonopolet, en l’occurrence celui de Kristiansund.

Une dernière photo (peut être) de Norvège, scène assez typique, inconnue en France, mais aperçue ici seulement depuis que les plaisanciers locaux daignent naviguer : les tables sur les pontons.

 
Ceci ressemble fort à de grands moments de convivialité alors que je clame depuis le départ que si les norvégiens sont serviables, ils ne sont pas avenants. En fait la grande majorité des bateaux de plaisances ici sont des vedettes à moteur et qui se déplacent en hordes, à l’instar des motards. C’est donc une convivialité intra-horde.  A quelques exceptions près, les seuls plaisanciers avec qui j'ai discuté au delà du "merci-bonjour" sont .... des français et un allemand.

Bref si tout se passe comme prévu, 3 ou 4 jours de pleine mer (j'aurais donc tout le loisir de dormir). Je vais affaler définitivement le pavillon de courtoisie norvégien. Encore un peu tôt pour faire un bilan de ce périple. Je ne retournerais en terrain connu que lorsque j'atteindrais l’Écosse, côte ouest ou est selon les vents. A partir de là je pourrais jouer les blasés. 

Je mettrais très probablement un message à mon arrivée aux Shetlands, mais je vous ferais grâce des photos de plateformes.

A titre de post-scriptum : finalement je suis passé sous le fameux pont de 16 m, non sans une certaine dose d'adrénaline! Au moins maintenant je suis fixé..... mais pas sûr d'avoir de nouveau l'occasion de retrouver des ponts ou lignes électriques de ce tirant d'air...


mercredi 25 juillet 2012

Smøla

Cloué 3 jours à Smøla pour cause de vent fort dans le mauvais sens, c’est l’occasion de faire un peu de tourisme terrestre. Tourisme qui aura été sérieusement  limité par la panne du bus qui devait m’emmener tout au nord de l’archipel, notamment pour visiter Veiholmen, présenté comme particulièrement pittoresque.

Smøla est donc l’île principale d’un archipel qui compte des milliers d’îlots (j’ai déjà annoncé 3000 mais depuis j’ai lu 4000). Une route relie l’îlot le plus au sud, Edøya, desservi par les ferries depuis Trondheim et Kristiansund, à celui le plus au Nord, Veiholmen. Cette route saute d’îlot en îlot par des digues et des ponts et du coup est assez plaisante


La région est très fière d’une route du même genre, l’"Atlantic Road", au sud de Kristiansund, encore plus spectaculaire mais très exposée aux tempêtes, achevée avec beaucoup de difficulté en 2005 et souvent endommagée, d’où une polémique sur l’intérêt de ce fleuron touristique : photo prise sur le net



Particularité de Smøla plutôt rare dans le coin : c’est pratiquement tout plat. C’est donc présenté comme un paradis du vélo. Je modérerais ce point de vue en cas de vent un peu fort, ce qui ne semble pas manquer à ces latitudes : franchir l’un des ponts avec le vent dans le nez doit être une épreuve pas très éloignée de l’ascension du mont Ventoux !

Quelques vues des îlots, mais donc avec un manque de hauteur


Sur le plan purement touristique, sur Endøya, un amphithéâtre en bois qui ne sert, semble-t-il qu’une fois par an pour un spectacle historique du 19 au 22 juillet, sur fond d’église moyenâgeuse dont les murs ressemblent étonnamment à ceux de ma maison bretonne !


Après le très HighTech musée du pétrole à Stavanger, le très foutraque musée du tracteur et du moteur marin (c’est le mécanicien du coin qui a collectionné les machines utilisées localement). Heureusement que le touriste est rare, vu le peu de place pour circuler


Une ferme bien soignée dont je n’ai pas su si c’était une vraie en activité ou une sorte de musée : il n’y avait pas âme qui vive.



Sur le ponton, une belle voisine :


apparemment pour les norvégiens, comme pour les anglais, un bateau quel qu’il soit est du genre féminin. Certaines mauvaises langues un tantinet machistes disent que c’est à cause de leur coté capricieux et parfois difficile à maîtriser.

Celui-ci est manœuvré par un couple, ce qui ne doit pas être évident. Je n’ose penser au boulot pour entretenir un tel bijou ! Vive l’alu ! En tout cas, ce bateau ne passe pas sous le pont de 16 mètres (référence à un message précédent) ! Normalement je repars demain : pont ou pas pont, toujours pas de décision prise.

Fish Farm

Pour ceux que cela intéresse, quelques mots sur les fermes d’élevage de poissons (il me semble qu’il s’agit exclusivement de saumons). Une partie du texte a ete preparee sur mon PC avec les accents, mais d'autres directememt sur un clavier norvegien, sans accents.

Une ferme est constituée de plusieurs cages flottantes, je dirais de 5 à 20 maximum, surmontées par des filets pour évincer les oiseaux


et d’une barge plus ou moins imposante


Les cages et la barge sont arrimées et signalées par de grosses bouées jaunes, elles même retenues par des ancres d’une tonne piece


La barge est reliée à chacune des cages par un tuyau plastique qui amène directement la nourriture (une mixture à base de farine de poisson). Et probablement aussi d’autre produits ‘phytosanitaires’, le stress engendré par l’enfermement et l’entassement de milliers de poissons étant la cause de différentes maladies.


La barge est donc, entre autres, une réserve de farine, un ensemble de pompes alimentées par un groupe électrogène. La farine est directement livrée sur la barge par des petits cargos (50 à 100 m) qui s’amarrent à celle-ci (d'ou tous les pneus sur le cote). J’en ai croisé beaucoup, identifiés sur l’AIS par la destination ‘Norwegian Fish Farm’. Je ne sais rien sur le cycle d’élevage. La Norvège est le premier producteur mondial de saumon d’élevage, qui se vante que chaque jour des dizaines de millions de personnes dans le monde mangent du saumon norvégien.

D’un point de vue navigation maritime, l’occupation d’une ferme est assez importante (parfois elles obstruent l'entree de petits fjords) et elles sont donc signalées sur les cartes marines et par des feux. Mais, tout comme en Ecosse, il se dit, dans les guides nautiques, que les installations sont parfois déplacées ‘en douce’, lorsque l’état local de l’eau se dégrade du fait de la concentration, et que du coup les informations des cartes sont parfois fausses, et cela merite une veille attentive. En Ecosse autour des fermes d’élevages pullulaient d’énormes méduses peu ragoûtantes, faisant douter de la qualité écologique des lieux. Je n’ai pas constaté la même chose en Norvège.

Ici le saumon est presente sous des formes plus variees qu'en France mais reste un produit cher.

Bon appetit! 

lundi 23 juillet 2012

Route sud N+1

En espérant que N ne devienne pas trop grand.


J’ai conclus le message précédent par "Fin de la Norvège du « nord » et retour dans celle du « sud »". Et celle-ci est caractérisée, sur la côte sud ouest, par sa pluviosité abondante qui en fait le record européen. (rappel : 330 jours de pluie par an à Bergen). Je ne démentirais pas !

Dans ces conditions les 50 milles de sunds grosso modo entre Trondheim et Kristiansund sont plutôt fastidieux, avec en plus le Gulf Stream dans le nez (environ 1 nœud constant vers le nord, il est, dans le meilleur des cas annulé par le courant de marée descendante, sinon les deux se cumulent). Escale à Mageroy, presque au milieu du Trondheimsleia, ancien comptoir commercial ouvert en 1687, aujourd’hui reconverti en hôtel restaurant. En pleine saison norvégienne, la fréquentation quasi nulle laisse pantois


Manifestement à l’époque et en ce lieu on préférait les pilotis en pierre


Il y a eu double escale à Mageroy car 2 heures après l’avoir quitté, j’ai été pris dans un grain contraire de force 6-7, et ne sachant si cela allait durer j’ai préféré battre en retraite. Mauvaise opération car le grain n’a pas duré et finalement je suis reparti un peu plus tard. 4 heures de perdues. A priori aucune importance au vue de la durée passée et à venir du périple, mais maintenant que l’objectif est de rentrer au plus tôt, tout retard est vécu comme une contrariété.

Parfois un paysage attire mon regard alors je prends une photo, en me répétant pour la N ième fois (pour le coup, N très grand !) que cela "a de la gueule", sans trop savoir si je n’ai pas déjà immortalisé la scène, ce que donnera l’image, etc, etc.


Ici un îlot où la marque de marée haute semble avoir été tracée au cordeau et au rouleau. Apparemment l’eau est propre !


N’ayant pas réussi à atteindre Kristiansund avant le coup de vent annoncé (j’aurais aimé passer les 2 ou 3 jours de blocage dans une ville plutôt que dans un trou) je me suis arrêté à Straumen sur l’île de Smøla. L’arrivée se fait dans un dédale incroyable d’îlots (3000 à en croire le guide de navigation, et bien sûr cela "a de la gueule"), mais je suis trop bas sur l’eau pour en rendre compte par des photos (le fil de la télécommande du pilote ne me permet pas d’atteindre le haut du mat). Cela dit je suis severe avec le trou, car il y a de quoi survivre et se laver, et meme une bibliotheque avec acces Internet.

A propos de mat, gros dilemme lorsque je vais quitter Smøla : pour partir vers le sud ouest il faut passer sous un pont de 16 mètres, sinon il faut remonter le dédale d’îlots pour rejoindre le sund principal, soit quelques milles et de precieuses heures perdues! Et difficile de savoir si cela passe ou pas (pour l’instant le pont le plus bas franchi est de 18 m, et impossible d’évaluer ce qui reste). J’ai bien tenté une mesure, j’obtiendrais 15,5m mais les incertitudes sont grandes ! La décision n’est pas encore prise